No more idols : un album qui a marqué l’histoire

À l’occasion de la réédition vinyle de l’album mémorable du duo britannique, revenons sur son origine et l’impact qu’il a eu sur toute une culture musicale.

Chase and Status

On commence par un petit rappel pour ceux qui ne connaissent pas; Chase & Status est composé de deux producteurs de musique électronique, originaires de Londres : Saul Milton (Chase) et Will Kennard (Status). Ils se rencontrent une première fois à Londres de part une connaissance, mais se rapprochent plus sérieusement lorsqu’ils sont tous deux étudiants à Manchester.

Le duo se forme officiellement en 2003 et représente aujourd’hui une grande institution de la bass music au Royaume Uni. Majoritairement de style jungle/drum and bass, ils savent aussi se diversifier, toujours dans une production propre et emblématique. Ils ont également produit pour des grands artistes tels que Jay Z et Rihanna.

Une nouvelle ère musicale

Pour vous placer dans le contexte, nous sommes en 2010 : La jungle/drum and bass est présente depuis une vingtaine d’années et n’a plus rien à prouver en Angleterre. Le mouvement drum and bass devient européen, l’expérimentation prend place dans le climat musical, on ose, on se diversifie et le public est réceptif.

Le dubstep sort des caves londoniennes et gagne en popularité, il est vu comme similaire à la drum mais en plus lent. Certains y voient une guerre où le dubstep va remplacer la drum and bass, d’autres y voient simplement un nouveau courant musical. Beaucoup d’artistes populaires de l’époque s’y essayent et Chase and Status n’y font pas exception.

Ram Records et Universal

Andy C dirige Ram records d’une main de fer depuis 92, ses ambitions sont grandes. Il est déjà grandement inspiré par Chase and status qui signent leur album “More than a lot” qui est un succès. Andre réussit à avoir un contact avec Universal pour la sortie d’un album sur Mercury records : c’est directement à eux qu’il pense. Pour lui, ils ont ce qu’il faut, la puissance, la créativité. C’est la première fois qu’un artiste en bass music va signer sur un aussi grand label.

Malgré que More than a lot ai été un album stressant à produire, le duo est inspiré et bosse un bon moment en studio avec plusieurs vocalistes populaires du moment (notamment Tinie Tempah et Cee Lo Green). Ils ont un projet à proposer mais précisent que “Ce n’est pas forcément de la drum and bass, c’est plutôt du 140 bpm.”. C’est un oui pour le label et No more idols peut naître, avec toute la diversité qu’il a à apporter.

Chase and Status avec Rage

Une tracklist diversifiée

  1. “No Problem” – On commence avec sûrement l’un des hymnes le plus culte en drum and bass. N’ayant pas vieilli d’un poil, il est impossible que vous n’ayez jamais entendu ce hit intemporel.
  2. “Fire in Your Eyes” (feat Maverick Sabre) – entre rock et dubstep, Fire in your eyes sonne comme une époque de la bass music presque oubliée.
  3. “Let You Go (feat Mali) – Le morceau préféré de votre rédactrice, entre mélancolie et puissance. On assiste ici aux débuts du dubstep dans les gros hits, qu’on verra un peu plus tard dans des chansons de Justin Bieber ou Flo rida. Le duo peine à trouver leur vocaliste pour ce morceau jusqu’à tomber sur un jeune de 17 ans dont le timbre de voix est étonnamment mature, et la magie opère.
  4. “Blind Faith (feat Liam Bailey) – Un anthem culte de dubstep doux, on va favoriser plus tard le remix de loadstar dans l’édition deluxe, mais on oubliera jamais l’originale qui reste le morceau le plus écouté sur leur Spotify.
  5. “Fool Yourself” (feat Plan B and Rage) – On reconnaîtra Rage qui fera beaucoup de dates en tant que MC avec le duo. Une track puissante qui nous fera penser quelque peu à du Pendulum de l’époque.
  6. “Hypest Hype” (feat Tempa T) – Entre breakbeat et grime, un morceau qui porte bien son nom puisqu’il est énergique, avec une belle influence de The Prodigy.
  7. “Hitz” (feat Tinie Tempah) – Un mélange de hip hop et de grime, le manager du groupe réussit à obtenir Tinie Tempah pour les vocals et permet une bonne exposition au morceau qui arrivera à se classer dans les UK charts.
  8. “Heavy” (vs. Dizzee Rascal) – On retrouve ici du dubstep bien wobbly avec un rappeur emblématique dans l’histoire de la bass music.
  9. “Brixton Briefcase (feat CeeLo Green) – Encore du dubstep, décidément c’est bien l’angle de cet album! Un featuring unique avec CeeLo Green, déjà bien connu notamment avec le duo Gnarls Barkley.
  10. “Hocus Pocus” – Sans featuring cette fois-ci, est-ce que c’est de la drum and bass? Est-ce que c’est du dubstep? Une question qui résume bien les années 2010 en bass music.
  11. “Flashing Lights” (with Sub Focus feat Takura) – N’oublions pas, Sub Focus a lui aussi fait du dubstep pendant cet âge d’or, Flashing light est un morceau envoûtant qui laisse la rage prendre sa place.
  12. “Embrace” (feat White Lies) – La rencontre entre un groupe de post-punk et un groupe de musique électronique. Incroyable mais vrai, cette chanson fera son apparition dans la très populaire série Gossip girl.
  13. “Time” (feat Delilah) – Une perle de breakbeat, Time est un morceau touchant qui connaîtra un grand succès lors de sa sortie.
  14. “Midnight Caller” (feat Clare Maguire) – On finit presque cet album avec un morceau de dubstep dont on pourrait douter du genre tant il est doux.
  15. “End Credits” (feat Plan B) – Une fin d’album forte et sombre qui traite de la mort, il est pourtant le premier hit a sortir et se classera 9e des charts UK. Un exploit impensable.

Impact

L’album marque la première grosse release en major du duo, et quel succès! Sur quinze tracks, cinq se classent dans les charts UK. C’est du jamais vu dans l’histoire de la bass music :

  • L’album se classe 2ème dans les album charts et 1er des dance album charts Blind faith finit 5ème des singles charts et 1ère des dance charts
  • End credits atterri en 9ème position des singles charts
  • Hitz finit 39ème des single charts et 11ème des dance charts
  • Time arrivera à se placer 6ème dans les dance charts et 21ème en single charts

Et si aujourd’hui, onze ans plus tard, une réédition vinyle sort, c’est qu’il est indéniable que No more idols marque encore des générations de ravers.

Leur show RTRN TO JUNGLE à Printworks