Rebirth – Loïc, Simon et Candice

Pour cette troisième série de portraits, c’est à la capitale du strudel, de la choucroute, du bretzel des grandes chopes de bières… Bref ! C’est à Strasbourg que ça se passe !

Comme vous l’avez évidemment lu dans l’article paru le 21 février sur le site de Dubstep France (ehe), Phase a organisé une tournée en France pour ses cinq ans, et c’est donc dans ce contexte-là que je me retrouve au Studio Saglio (qui aura également droit à sa petite présentation dans un prochain article).

Je retrouve Loïc aka LK, 24 ans et Simon aka Roytek, 22 ans, tous deux alsaciens et respectivement président et vice-président de Ripple, une des trois associations avec lesquelles Phase a coorganisé la soirée. Tous deux posés sur ce superbe canapé zèbre des backs du Studio, je m’installe avec eux et nous commençons à discuter ensemble.

Loïc, qui nous vient de Reichshoffen (bien contente de ne pas avoir à le prononcer celui-là), me raconte qu’après avoir bien tâté le monde techno, il découvre la BM grâce à un pote, qui fait maintenant partie de son asso’. À l’époque, il a commencé les soirées dubstep avec les Quiet, organisées entre autre par NNEC -NeoNovo ElectroniC. Il a trouvé ça complètement dingue, alors il a continué ensuite, avec les Wonk.

Là, ça chauffe à fond notre Loïc, qui se donne six mois pour s’entrainer sur son controler tout neuf et apprendre à mixer. Six mois plus tard, l’organisateur des Quiet le repère et l’invite à mixer deux fois, ce qui décidera Loïc a lancé sa propre association : Ripple.

Simon, lui, nous vient d’un univers un peu différent… Musicien depuis 15 ans, il était plutôt du milieu rock/métal. Il a également une formation de technicien son et a évolué dans le milieu classique. Il faisait de l’orgue et quand il était gamin, à l’heure où les autres était plutôt sur du Sexion d’assaut, il était beaucoup plus hypé par les hits endiablés du grand Mozart.
Pendant une soirée au Molodoï (une autre salle de Strasbourg), il découvre la drum n bass. C’est un choc pour lui, une pure révélation, “un coup de foudre“. Là, il a compris que c’est exactement ce qu’il voulait faire. Depuis cet énorme coup de cœur, qui a eu lieu il y a plus de cinq ans, la passion n’a pas bougé d’un poil chez Simon. Il prit à cœur de bien connaitre tous les styles de Bass Music et particulièrement les sous-genres de dnb. Aujourd’hui il s’éclate en tant que producteur et DJ.

©Yesscud

On retrouve un peu plus de nuances dans la passion que procure la Bass Music chez Loïc. Même s’il a commencé avec la dubstep, pour lui c’est un peu le même kiff (c’est-à-dire énorme) entre la bass house, la dubstep et la drum. Il n’a plus vraiment de style accroché à son étendard comme auparavant, il se veut éclectique. Et sa track préférée, il le dit sans bégayer et il a bien raison, c’est Tour de Macky Gee.

En dehors des soirées, Simon écoute beaucoup de BM, en partie pour entretenir son inspiration de producteur, et pour rester à l’affût des nouvelles tracks. Il a aussi un besoin important de retour aux sources, notamment par l’ambiance jungle des années 90, un mouvement qu’il aime particulièrement, ainsi que par la UK garage, la deep dubstep, le footwork. Parmi tous les albums dont il ne se lasse jamais, celui qui ressort, c’est Another Way de Break.

En dehors de la BM, ce passionné au parcours très pointu se nourri de jazz fusion, de rock, blues, métal en grande partie, et lâche une mention spéciale aux musiques latines.

Bien sûr, Loïc écoute beaucoup de Bass Music (surtout de la bass house) dans sa vie, il pense que c’est indispensable pour faire partie de ce monde-là et rester informer, et ce n’est évidemment pas une contrainte. Mais il adore aussi des styles carrément différents, comme le classique, les symphonies, le jazz également. Il qualifie ses écoutes d’hypers éclectiques.

Pour Simon, la musique c’est toute sa vie. Ce qu’il aime particulièrement dans la Bass Music c’est la musicalité et cette approche assez différente, propre aux musiques électroniques. Notamment grâce aux aspects techniques du mixe qui peuvent apporter une touche artistique, et donc des émotions encore différentes, de ce qu’apportent les musiques articulées essentiellement autour des harmonies.

J’ai des frissons qui passent dans tout mon corps, ou juste, j’ai envie de headbang, quand je me dis “là, c’est technique, tout est parfaitement en place”. Ça m’aide vraiment à traduire mes émotions, et j’en ai besoin, c’est un moyen d’extérioriser. Ça dépend aussi du mood du type de son. Par exemple avec la liquid tu peux facilement être mélancolique par exemple alors qu’avec la neuro j’ai beaucoup plus d’énergie“.

Au début ça m’apportait beaucoup d’adrénaline. Faire des gros doubles drops avec la dubstep, je trouvais ça trop stylé, techniquement et artistiquement parlant, c’est dur ! On peut vite entrer dans le cliché « je balance triple drop sur triple drop » pour qu’au final ton set soit monotone. Donc une vraie approche de la musique, que j’adore. Quand tu entends un set de dubstep et que t’y connais rien, tu te rends pas compte, mais une fois que tu commences à être familiarisé avec les sons/variantes, tu te dis “Woh le mec est en train de faire un truc de fou”. Et puis ouai, j’adore les pogos, d’ailleurs là j’ai envie de sauter sur quelqu’un ! En tout cas ça m’apporte beaucoup de bonne humeur, je pense qu’on vit toujours mieux avec la musique.”

Simon trouve que la communauté Bass est très soudée. C’est accentué par le fait qu’en général ce sont des musiques pas mal underground, donc marginales, ce qui nous amène à se serrer les coudes entre nous. “Et on a tous envie de performer dans notre domaine, alors on va tous s’aider“.

Pour Loïc, qui a un regard un peu plus extérieur grâce à son expérience du milieu techno, il pense que c’est un milieu assez fermé finalement. Quelqu’un qui ne connait rien a la Bass Music, n’ira pas naturellement dans ce type de soirées. Il suppose, peut-être faudrait-il plus communiquer sur ce qu’on fait, qui on est, et essayer de transmettre notre amour de ces musiques-là ? ” « Casser les codes » en multipliant les évènements comme Bass pour tous“.

Le mot de la fin ? Éclectique !!

Plus tard dans la soirée, je rencontre Candice et ses potes, posés à une table de la grande terrasse du Studio Saglio, prenant l’air après le set dément d’Azabim.
Candice, c’est une authentique Alsacienne de 24 ans, passionnée de Bass Music et étudiante en master. Elle travaille aussi à la brasserie Kronenbourg, où elle adore y faire de la bière tous les jours.

Elle a connu la BM il y a trois ans, grâce à son copain qu’elle a rencontré en BTS, qui l’a emmené au Studio Saglio pour une soirée dnb/dubstep. À la suite de cette soirée qui lui a beaucoup plu, elle a tout gagné : un amoureux et l’amour de la Bass Music.

En basshead aguerrie, elle est hyper attentive aux évènements facebook du Studio, et attendait cette soirée avec impatience – et ça s’entend à l’exaltation dans sa voix quand elle m’en parle. Et même si elle ne loupe aucune soirée Bass Music de Strasbourg, elle n’en a pas assez pour satisfaire sa soif de bass. Cependant, elle a quand même l’impression que ça revient un peu, en se remémorant les deux soirées qu’elle a pu faire récemment, avec des headliners tel que Kanine pour l’une et Samplifire pour la deuxième.

En vérité, elle n’attend que ça : que plus de monde connaissent cette musique et que les évènements se multiplient.

Avant de connaître la BM, Candice écoutait beaucoup de rap français comme Niska ou Jul. Maintenant, c’est principalement la Bass Music qui rythme sa vie, aux côtés, notamment, de son comme de l’acid.

Avec ses potes ils organisent même des calages (petite teuf privée en extérieur), où ils font vibrer les subs sur de la grosse dubstep bien grasse et font voler la poussière du sol au rythme de snares de drum bien impactantes.

Écouter de la Bass Music, ça met Candice dans un état de bonheur intense. Elle se retrouve blindée d’énergie, avec un besoin irrésistible de la dépenser en bougeant, style séance de sport intense. C’est comme une vibe qui s’empare de son corps et de ses émotions. Et ce ressenti, elle ne l’a jamais ressenti autrement qu’en écoutant de la BM.

L’artiste que Candice écoute le plus en ce moment, c’est Kanine. Après l’avoir découvert il y a quelques mois au Studio Saglio, elle a trouvé ses sons incroyables. Elle adore leur côté passe-partout, le fait que selon elle, tout le monde puisse l’écouter et aimer. Elle kiff ce côté fédérateur.

Et cette communauté bass, qu’elle essaie de faire grandir, pour elle c’est clairement une des meilleures.

Elle me raconte avoir été au dernier Rampage, auquel elle a trouvé une ouverture d’esprit qu’elle n’avait jamais trouvé dans d’autres types de soirées. “Tu peux parler à qui tu veux, et tu vois qu’ils sont là parce qu’ils aiment vraiment le son. C’est trop beau ! Genre avant je faisais des soirées plus “mainstream”, et tu sens le jugement partout. T’as l’impression que tu n’es jamais assez stylé pour échanger avec les autres.”

En fait, Candice a vraiment le sentiment de s’épanouir, de gagner en confiance en soi dans le milieu bass, de pouvoir être qui elle veut. Elle se fait kiffer à travailler son style, notamment avec son maquillage délirant, sans craindre le regard des autres. Et ça, ça lui tient à cœur, alors elle cherche à le partager le plus possible.

D’ailleurs, selon notre notre headbangueuse passionnée, la seule chose à redire sur notre communauté, c’est qu’il n’y a pas assez d’évènements. Mais elle y croit, et a l’impression qu’on est de plus en plus nombreux.ses à aimer la Bass Music, et c’est tout ce que Candice veut !

Elle conclue dans un cri du cœur : “Venez aux soirées bass ! C’est incroyable, vraiment c’est la vie !”