Portrait – David Jolly

Pour cette reprise des portraits Bass People, il me semblait plus qu’important, à une semaine du festival Reperkusound, le rendez-vous festif immanquable de la capitale des gones, de vous peindre le portrait d’un des piliers du monde de la Bass Music à Lyon, j’ai nommé David Jolly !

Aujourd’hui, David est booker chez Mediatone booking, depuis 4 ans. Il est aussi assistant programmateur sur les Reperkusound, plutôt spécialisé dans la Bass Music et pour faire le lien avec les cartes blanches. Il a d’abord été président et fondateur de Candy Groove, qui organisait les Badland, soirées UK Bass/Bass house au Ninkasi Kao, ou encore l’open air Bass Save The Queen (aujourd’hui renommée Bass Save The King, RIP Elizabeth). Open air qui existe encore en ce jour avec Mediatone, en association avec Phase sur la dernière édition.

Mais l’origine de l’histoire entre David et la Bass Music remonte à bien plus loin. Tout a commencé l’année de ses 15 ans, lors de sa première expérience bénévole aux Démons d‘Or, le festival des monts du Lyonnais qui aura fait vibrer la scène et ses adeptes durant quinze belles années. À l’époque, il y avait notamment A.M.C, beaucoup d’artistes dnb, de junglist, comme par exemple Congo Natty. Ensuite, David a été bénévole chez Totaal Rez, chez qui il a participé au lancement des mythiques Ez et Bass Reflex. Là, sa passion pour la Bass Music s’est littéralement enflammée.

Lorsque je lui demande les sensations que cette musique lui procure, il me répond d’abord par un immense soupir, comme pour témoigner de l’intensité de celles-ci.

“Ça vient du ventre, c’est là où on se prend les bass et ça remonte dans la gueule”.

Ça le fait vibrer quand il travaille, lui procure une joie incommensurable. Je l’imagine parfaitement quand il me raconte ces moments où il conduit fenêtre ouverte, en écoutant de la jungle “sautillante dansante” à fond. Il aime particulièrement les artistes qui produisent des sound design hyper chiadés comme sur les derniers albums de Skrillex (où il kiff surtout les sons avec Flowdan, Noisia, “Xena”, Fred Again), ou encore du Eprom, du Mad Zach. Il aime se faire surprendre. D’ailleurs, il aurait beaucoup aimé avoir plus d’artistes bass dans son roster, si ce dernier n’était pas aussi plein.

Aujourd’hui, ses goûts musicaux se sont diversifiés, et sa vie de famille lui permet moins d’aller en soirée. Mais la BM reste son péché mignon et il en écoute tous les jours. Il adore toujours autant aller au Boomtown à Winchester, qui à l’époque lui a permis de ramener nombre d’artistes qui ont joué aux Badland. Il adore se motiver pour faire un footing avec de la bonne dnb, ou écouter sa playlist perso à base de brostep, de dubstep à l’ancienne, de deep dubstep, le tout agrémenté d’un peu de Spectrasoul. Et dans tout ça, on peut le surprendre à écouter beaucoup de styles de musiques différents. David me cite des artistes tels que Juliette Armanet ou Skepta, ou des genres comme la grime, le rap à l’ancienne ou la trap.

Au fur et à mesure de la discussion, nous nous mettons à imaginer le paysage actuel et futur de la Bass Music. Pour David, cette dernière est un peu dans un creux pour l’instant, mais elle s’apprête à reprendre. Fort même. Ce qui me fait penser en écrivant ces lignes, que cette discussion date d’il y a presque un an, et il y a peu l’on apprend que Skrillex, Flowdan et Fred Again remporte un Grammy award pour leur track Rumble. Visionnaire, notre ami David ?

@Vous y êtes !

Spontanément, David vient à me parler des associations lyonnaises, parmi lesquelles il apprécie énormément Phase et la marque Ez de Totaal Rez. Il trouve fantastique que ce milieu soit si peu concurrentiel. Il appuie sur le fait qu’il faut absolument continuer comme ça. Pour lui, l’avenir de la BM, c’est aussi ça : des associations qui bossent ensemble, des passerelles qui peuvent se faire avec des structures internationales comme le Rampage, la professionnalisation des acteurs grâce à des formations, se servir de subventions, et surtout de la passion.

“Courage à tous les acteurs de la Bass. On est tous amoureux, on vit tous pour la même culture, on défend les mêmes valeurs et il faut continuer, ne rien lâcher. Ne faites pas comme moi, ne lâchez pas Candy Groove ahahaha.”