Ce samedi 17 février 2024 se déroulera la dernière Open Bass qui aura lieu à la péniche Loupika. Format phare de l’association Phase, c’est une page de 6 ans qui se tourne, pour l’association qui va bientôt investir de nouveaux lieux pour ses évènements. Ces soirées qui ont commencé en programmation 100% locale ont fini par tout de même accueillir de sacrés têtes d’affiches telles que Madcore, Elle Rich, Aweminus et tant d’autres.
Ce n’est pas la fin mais le début d’une nouvelle ère, même si l’on reste tout de même nostalgiques de l’arrêt de ces soirées au Loupika qui ont pendant 6 ans, animés la vie nocturne Bass lyonnaise dans une atmosphère toujours “comme à la maison”. Grâce au prix libre, elles ont permis à quiconque de pouvoir y aller peu importe son budget. Ces soirées comme beaucoup d’autres qui ont lieu à la péniche permettent aussi de financer les associations, de se construire une petite trésorerie afin de pouvoir organiser des évènements plus grands, de développer son activité en tant que structure associative.
Sans cette salle, beaucoup d’organismes ne pourraient pas faire d’événements, notamment en Bass Music vu que très peu de salles acceptent ce genre de musique. Celles disponibles sur Lyon se comptent sur les doigts d’une main. Et encore une avec une scène, un système son et des lumières aussi correctes se font rares. Le Loupika donne toujours l’impression d’être chez soi, une sensation qu’on espère retrouver dans le prochain lieu.
Alors aujourd’hui on revient sur l’impact de ce format, qui paraît si petit mais qui a pourtant permis de grandes choses. Nous avons laissé la parole à différents membres de l’association pour nous parler de ce que représentent cet événement là, pour eux, qui participent activement et vivent dans cette scène.
Alix aka Jynx, secrétaire, chargée de production et bien plus encore de l’association, nous décrit ces évènements comme “ de l’amour et de la bass ”
“ L’Open Bass pour moi représente une partie de la genèse de Phase et c’est un format qui en dit tellement sur l’âme de l’association et sur la scène lyonnaise.
Ce qui a été créé au fur et à mesure des années et des programmations, c’est un véritable rite de passage – éternellement associé à la péniche Loupika. On parle d’un lieu avec une capacité de 100 personnes qui est capable de produire une ambiance tellement dingue que (et c’est avec une fierté un peu émue que j’écris ça) nombreux sont les artistes qui parlent de leur passage en Open Bass comme d’une expérience unique avec un public chaud comme la braise.
Pour ma part en tant qu’artiste ce fut ma première scène publique, mes B2B les plus improbables et débiles, ma première captation live. C’est aussi en tant que membre de Phase mes plus belles soirées, celles où le public est une véritable famille, celles qui ont testé et approuvé le prix libre (depuis le début !), celles sur lesquelles j’ai découvert Phase il y a maintenant 5 ans.
L’Open Bass c’est le mariage de la scène locale la plus chaude de ta région avec les artistes émergents (ou pas !) les plus deter à en découdre. L’Open Bass c’est une des rares soirées où même quand je suis moins fan du style musical je kiffe tellement l’ambiance que je veux m’enjailler tout pareil.
L’Open Bass au Loupika c’est ce qu’il y a de plus “Phase” finalement : de la bass dans des programmations hyper larges, des grands moments de fête (big up aux nombreux anniversaires fêtés comme si c’était chez notre daronne – coucou Kaptain), une entrée accessible à tous et de la teuf, toujours et encore de la teuf. Les Open Bass c’est une des plus belles démonstrations de force du public lyonnais finalement – et c’est pour ça qu’elles sont légendaires.”
Clarisse aka Dj Quoi, fraîchement débarquée depuis septembre dans l’association avec son acolyte Dj Quoi, nous parle de sa première date solo :
Pour moi les Open Bass c’est beaucoup de soirées trop cools avec un public et un staff incroyable, les premières soirées bass music ou j’ai pu staffer, des bonnes pizzas ou encore la condensation qui coule de la fenêtre de la Loupika sur ton crâne. Mais c’est surtout la première fois que je mixais, toute seule, pendant 1h devant un public connaisseur a mettre des remix jump-up cancer, vous partager mes musiques préférées, et voir le public surkiffer et je pensais jamais que j’aurais cette chance un jour dans ma vie. ♥️
Elliot aka dj Feur, bénévole lui aussi depuis septembre :
Les Open Bass c’est le rendez-vous Bass pour voir un headliner sympa à Lyon, avec une ambiance accueillante et bienveillante, entre l’entrée prix libre, les bénévoles toujours sympathiques et une certaine proximité avec les artistes!
Ben, resté dans le public depuis un certain temps, à rejoint l’équipe des bénévole depuis la fin d’année nous parle de son point de vue en tant que spectateur :
À 22h, je mets les gaz sur mon bolide à deux roues sans moteur en direction de La Loupika. À peine débarqué, le staff m’accueille avec ce sourire qui réchauffe, comme à chaque fois. Les basses sont déjà en train de faire vibrer la péniche, et je suis prêt à switcher mon cerveau en mode OFF. Mon kiff ? Laisser mes pensées en stand-by, laissant mon corps en pilote automatique. Face à la scène, c’est le déchaînement total : je danse, je saute, je ressens chaque vibration, et mes bras font des mouvements dignes d’un ouvrier, mais sans marteau. Quand il y a du RIDDIM, je ressemble plutôt à un agent de piste qui prend du 230 volts, on aime :). Mon visage alterne entre bassface et sourire toute la soirée. Parfois les deux en même temps, c’est un peu chelou a voir !
Pendant la soirée, des regards complices se croisent, avec ce petit signe qui veut dire “Tu sens cette vibe ?”. La réponse est un grand oui, tout le monde est hypnotisé par cette énergie, cette liberté pure. Les OB, c’est aussi des retrouvailles joyeuses, histoire de kiffer à fond tous ensemble pour s’éclater les genoux. A 3h30, fin de la soirée, retour à la maison, toujours avec le sourire, et le sentiment d’avoir passé une énorme soirée !
Pierre aka Destunk, bénévole depuis maintenant trois ans, nous parle de ces débuts dans le public basseux lyonnais :
Avant j’étais globalement le seul de mes potes à écouter de la Drum ou du Dubstep, et j’avais vraiment l’impression d’avoir des goûts vraiment atypiques, j’arrivais pas à trouver de soirées ou quoi. Puis j’ai participé à ma première Open Bass c’était trop cool, déjà t’as deux trucs: tu kiff la musique parce que vu que c’est un petit monde même si ça tend à s’agrandir tu sais que tout le monde est là pour la musique et pas juste là pour draguer ou un truc du genre. et t’as vraiment une ambiance où tu kiff ta soirée. Je commençais à peine à me mettre à mixer, et depuis cette soirée j’ai eu envie de m’entourer de gens qui mixent et qui écoutent le son comme moi.
Beaucoup on pu faire leur première scène en Open Bass, ce qui était le but initial d’ailleurs, de permettre à tous de pouvoir mixer devant un public. Malheureusement, ce principe a dû se perdre avec les années tant la liste d’attente est longue, car leur succès n’a cessé de cloître. Donner sa chance à tout le monde inclut aussi d’avoir toute la disponibilité possible !
Jules aka We are Lambda, présent dans la scène Bass depuis 15 ans et bénévole depuis septembre chez Phase, nous donne une image de ces soirées avec beaucoup de recul :
Pour moi qui a été longtemps dans la scène grenobloise que j’ai toujours trouvé chaleureuse et dans la simplicité tout autant que dans la qualité, je ne retrouvais pas forcément ça à Lyon, que je trouvais très mécanique, plutôt froide et distancielle. Quand j’ai fait ma première Open Bass, après avoir repris les platines en 2021, j’ai retrouvé ce côté là qui m’a vraiment plu. Je sentais qu’il y avait une certaine passion, une envie de porter le mouvement au lieu de vouloir en faire une usine. On ne m’a pas imposé de style, juste de rester en Bass, j’ai pu faire mon set de Bassline/UKG, et le public a kiffé. Et c’est ça que je trouve cool, de pouvoir donner sa chance à tout le monde, de pouvoir s’exprimer avec son univers, c’est très formateur. La proximité qu’offre le lieu et la soirée nous met tous au même niveau, artiste staff, public, j’aime ce côté organique, artisanal, où on s’en fout de tout lisser pour faire quelque chose d’hyper carré, tout le monde est ensemble et passe un bon moment.
Et qui de mieux pour terminer ce recueil de témoignage, que le président lui-même, Alexandre aka Midryaz, pour nous parler de son projet :
L’OPEN BASS c’est vraiment le cœur de PHASE, c’est ce qui a marqué le départ en 2018 ! C’était un jeudi soir, je saurai plus dire quel jour exactement mais à l’époque on avait débuté avec un format afterwork qui finissait à 1h. Et puis ça a fonctionné et le Loupika nous a donné de meilleurs créneaux en week-end. Aujourd’hui, on est l’asso avec le plus de dates sur la péniche, et vraiment merci car sans eux, y aurait pas eu tout ce qu’on a fait !
On a pu faire plein de choses à côté : des GRAVE, des WAVV, des BASS GARDEN etc… Mais ce qui a toujours été là, c’était les OB… et heureusement ! Car ce sont les OB qui ont permis à PHASE de rester à flot malgré les lourds échecs des GRAVE à l’époque. Les OB étaient l’un de nos plus petits events en soit, mais elles sont devenues l’essence de l’asso, elles ont vraiment grandi avec nous, elles sont le témoin de notre évolution !
Ce projet de base était un format full open platine, où chacun pouvait mixer sur demande. Je ne refusais personne qui faisait de la Bass Music, tout le monde devait avoir sa chance ! Bon j’ai eu quelques surprises avec certains qui confondaient bass music et hardcore… Mais on a fait tellement de belles découvertes et on a permis à beaucoup de Bedroom DJ de monter sur scène pour la première fois… et ça c’était unique en France ! Et c’est pour ça qu’on avait des DJs qui venaient de la France entière pour mixer… alors qu’on organisait un événement sans prétention dans une toute petite péniche lyonnaise ! Mais c’était devenu un espace d’expression pour les jeunes artistes et presque un rite de passage pour tous les newcomers de la scène.
Et puis le public adorait cet événement, notamment pour le lieu ! Déjà, le concept même de faire la teuf dans un bateau… franchement c’est de la frappe ! Mais t’as aussi cette intimité, cette proximité avec les artistes… D’ailleurs oublie les backstages, ici tout le monde est logé à la même enseigne. Mais je pense que c’est ça qui a fait de l’OB ce qu’elle est, c’est juste un événement ou on kiffe, que ce soit devant ou derrière les platines.
C’était aussi là qu’on a expérimenté le prix libre, dès le départ. Et ça a bien pris ! Plus le temps passait, plus les gens venaient et plus les dons augmentaient… Bon faut dire que la prog aussi a pris du galon grâce à l’arrivée de Théo qui a pris en main le projet.
L’open platine avait moins de place mais la selecta a pris en grade, on est passé de Harrier à l’époque jusqu’à inviter Aweminus et d’autres récemment !
Avec ce nouveau format, on a voulu sécuriser l’OPEN BASS avec la billetterie. Faut dire qu’on était passé d’un événement qui ne coûtait rien il y a 6 an, à près de 2000€ aujourd’hui.
Et maintenant, on s’en va, on quitte le navire ! En vrai c’est assez fou, jamais j’aurais imaginé déménager les OPEN BASS mais on n’a pas eu le choix car le Loupika est de plus en plus demandé et ça devenait compliqué pour assurer la récurrence. Je fais le « ouin ouin » mais je suis tout de même excité qu’on prenne les commandes d’un nouveau navire sur Lyon… Mais j’en dis pas plus pour le moment.
Phase n’arrête pas pour autant de bosser avec la péniche, les Open Tech auront toujours lieu ainsi que les Speed qui changent de localisation (et aussi de nom : Drift), puisqu’il n’y aura plus de dates au club Terminal. En tous cas cette dernière édition se fera en beauté, et c’est le cas de le dire car chacun se mettra sur son 31, on compte sur vous pour honorer cet anniversaire sentimentalement important pour l’association !